Milan, 5 mars (LaPresse) – Les suspects milanais dans l’affaire d’urbanisme affirment avoir personnellement rédigé la loi "Sauver Milan" pour stopper les enquêtes du parquet et l’avoir remise au premier rapporteur à la Chambre des députés, Tommaso Foti, député de Fratelli d’Italia et actuellement ministre des Affaires européennes et du PNRR dans le gouvernement Meloni.

C’est ce qui ressort des écoutes téléphoniques rapportées par le juge d’instruction de Milan, Mattia Fiorentini, dans l’ordonnance de mise en résidence surveillée de l’ancien responsable de l’urbanisme de la mairie de Milan, Giovanni Oggioni, accusé de corruption, fraude procédurale et falsification.

Dans un appel téléphonique intercepté le 24 octobre 2024 avec un avocat spécialisé en droit de l’urbanisme, l’un des suspects, Marco Emilio Cerri – architecte, ancien membre de la commission du paysage et membre de la Commission VIA-VAS pour le pont du détroit de Messine, pour laquelle le parquet demande une interdiction – affirme avoir remis le projet de loi au député Foti, en déclarant l’avoir fait avec l’accord de l’assesseur au logement de Milan et avocat administratif réputé, Guido Bardelli (non impliqué dans l’enquête).

Cerri affirme avoir rédigé le texte du projet de loi dès février 2024, quelques semaines après que la juge Daniela Cardamone a rejeté la saisie des gratte-ciel Park Tower de la Via Crescenzago 105, tout en confirmant entièrement le cadre d’accusation des procureurs Petruzzella, Clerici, Filippini et Siciliano, dans la première des quelque 20 enquêtes sur l’urbanisme touchant des chantiers et projets immobiliers à Milan.

Les documents d’enquête de la police financière révèlent également un contact téléphonique (non transcrit) entre Cerri et le député Maurizio Lupi le 21 novembre 2024, deux heures avant l’approbation à la Chambre des députés d’une nouvelle loi sur l’urbanisme et la construction, actuellement bloquée au Sénat. Le suspect identifie l’ancien ministre des Infrastructures comme le parlementaire qui lui a fourni le projet de loi.

Pour le parquet de Milan, les suspects, dont Oggioni, ont tenté à plusieurs reprises d’exercer des "pressions" sur leurs "contacts politiques" pour faire adopter une loi d’interprétation authentique visant à bloquer les enquêtes judiciaires.

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