Confronté aux défis du changement climatique, l'Irak doit oeuvrer pour un modèle de développement "plus vert" notamment en diversifiant et "décarbonisant" son économie, a estimé mardi la Banque mondiale (BM) après avoir présenté à Bagdad un nouveau rapport.

Le pays a besoin de 233 milliards de dollars d’investissements jusqu’en 2040 pour « répondre aux principaux besoins de développement de l’Irak et permettre de s’engager sur la voie d’une croissance verte », évalue le rapport de la BM –soit 6% du PIB chaque année.

Pénuries d’eau, désertification galopante, températures en hausse: l’Irak est considéré par l’ONU comme un des cinq pays au monde les plus exposés à certaines conséquences du changement climatique, frappant de plein fouet certains secteurs comme l’agriculture.

Après des décennies de conflits, le pays affiche des infrastructures en déliquescence et son économie reste largement tributaire de l’immense manne pétrolière, qui représente 90% des revenus du gouvernement.

Le rapport de la BM, présenté lundi aux autorités irakiennes lors d’une table ronde, « examine le coût de la transition vers une économie moins dépendante du carbone » et évoque les réformes pour « un modèle de croissance plus vert », selon un communiqué publié mardi.

« Il y a trois défis importants: le défi de l’eau, le défi de la désertification, et le défi de la pollution de l’air », a indiqué à l’AFP Ferid Belhaj vice-président de la BM pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

« L’Irak a suffisamment de ressources financières pour gérer ces défis », a-t-il estimé lors d’un déplacement à Bagdad, soulignant la nécessité de voir ces ressources « mises à la disposition de nouvelles politiques ».

Parmi les mesures identifiées par le rapport: mettre fin aux pénuries d’électricité, notamment en « éliminant le torchage de gaz » qui doit servir à produire de l’électricité, mais aussi « moderniser l’irrigation », « réhabiliter et mettre à jour les barrages ».

Sur les moyen et long termes il faut « décarboniser l’industrie, l’agriculture et le secteur des déchets », « améliorer la distribution de l’eau et la réutilisation des eaux usées » mais aussi « adopter et augmenter le recours à l’agriculture intelligente face au climat » et élaborer « des politiques de transition en matière de main-d’oeuvre ».

« L’Irak est confronté au défi de passer d’une dépendance totale au pétrole vers une économie plus diversifiée, emmenée par le secteur privé, qui garantit la création d’emplois et consolide le capital humain, tout en renforçant la résilience au changement climatique », a résumé M. Belhadj.

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