L’éducation au Liban est en  » crise « , à l’image de la situation politique et économique catastrophique du pays qui pèse depuis des années sur les professeurs et les élèves, a alerté une responsable de l’ONU.

 » Nous sommes maintenant dans une situation d’urgence. L’éducation au Liban est en crise parce que le pays traverse une crise « , a déclaré lundi Maysoun Chehab, responsable du Liban à l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).

Chehab s’exprimait à Beyrouth en marge d’une cérémonie célébrant l’achèvement d’un projet de 35 millions de dollars (environ 31,7 millions d’euros) de l’Unesco pour réhabiliter 280 établissements scolaires endommagés par l’explosion au port de la capitale le 4 août 2020.

L’explosion, causée par le stockage sans mesures de précaution d’énormes quantités de nitrate d’ammonium, a fait plus de 200 morts, ravagé des quartiers de la capitale et perturbé l’éducation d’au moins 85 000 élèves.

La directrice de l’Unesco, Audrey Azoulay, était venue à Beyrouth quelques jours après le drame pour lancer une grande levée de fonds, qui a permis notamment la reconstruction d’écoles. Mais élèves et professeurs souffrent de la crise économique sans précédent et de l’impact de la pandémie de coronavirus.

 » Les écoles n’ont pas assez de fonds pour fonctionner comme elles le devraient, les enseignants n’ont pas un salaire suffisant (…) et les élèves n’ont pas les moyens de transport nécessaires en raison des prix élevés du carburant », a déploré Chehab.

Depuis fin 2019, la livre libanaise a perdu plus de 90% de sa valeur, et le salaire minimum mensuel ne vaut guère plus de 30 dollars (environ 27 euros) au marché noir.

Les coupures de courant quotidiennes de plus de 20 heures et la flambée des prix de l’essence signifient que de nombreux étudiants n’ont ni les moyens d’aller en classe ni d’étudier à domicile.

Selon un récent rapport de l’Unicef (Fonds des Nations unies pour l’enfance), les inscriptions dans les établissements d’enseignement sont ainsi passées de 60% en 2021 à 43% pour l’année scolaire en cours. L’Etat n’a pas été en mesure de mettre en oeuvre des réformes substantielles, condition pour accéder à des milliards de dollars d’aide.

La sous-directrice générale de l’Unesco en charge de l’éducation, Stefania Giannini, s’est cependant dite optimiste lundi quant au soutien de la communauté internationale:  » Je sais que la crise économique affecte encore beaucoup (le pays), mais je suis également convaincue que le Liban ne sera pas abandonné à son sort « .

© Copyright LaPresse