Turin, 21 août (LaPresse) – L’Institut de l’Encyclopédie Italienne Treccani rend hommage à Rino Gaetano, brillant auteur-compositeur-interprète italien, célèbre pour son style paradoxal et le non-sens apparent de ses textes. Né à Crotone en 1950 et formé artistiquement dans la banlieue romaine, Rino était un artiste autodidacte, capable de mêler expérimentation musicale et activité théâtrale. Sa carrière a explosé en 1975 avec le single Ma il cielo è sempre più blu, suivi de succès comme Mio fratello è figlio unico (1976) et l’album Aida (1977), œuvres dans lesquelles il tournait en dérision le langage institutionnel et abordait les enjeux sociaux avec ironie et légèreté.
Rino Gaetano est considéré comme le premier chanteur "prolétaire" au sens pasolinien du terme. Son approche, proche des paradoxes de Carmelo Bene, a parfois conduit à le sous-estimer. Par exemple, Maurizio Costanzo l’a présenté à Susanna Agnelli comme un auteur de "petites chansons ironiques", mais il a été reconnu ensuite par des personnalités telles qu’Enzo Siciliano, qui l’a interviewé en 1978, et Gino Paoli, qui le voyait comme un héritier du non-sens et du surréalisme. Antonello Venditti lui était également très attaché.
Le 1er septembre 1978 sort Nuntereggae più, l’album de sa consécration, qui porte un regard lucide et désenchanté sur l’Italie politique et sociale. Cette même année, il obtient la troisième place au Festival de Sanremo avec Gianna. Sa carrière s’est tragiquement interrompue avec sa mort dans un accident de voiture à Rome, le 2 juin 1981.
Après une période d’oubli, sa popularité renaît dans les années 2000 grâce à des hommages, expositions, inédits et à l’intérêt des jeunes générations. Rino Gaetano est aujourd’hui salué comme une voix libre et unique, dénonçant les contradictions de l’Italie avec humour, profondeur et sans rhétorique.
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