Le Conseil économique social et environnemental (CESE) vient de livrer, dans son rapport annuel de 2020, des orientations qui balisent le terrain à la future stratégie nationale sur le cannabis qui devra être mise en place par la nouvelle Agence nationale de régulation de la culture du cannabis.
L’instance présidée par Ahmed Reda Chami appelle à la mise en place d’une stratégie intégrée de développement économique, social et environnemental dans les zones de culture du cannabis, incluant les cultivateurs locaux et les associant aux divers usages licites de la plante et à sa transformation industrielle.
« Cette stratégie devrait porter un modèle social vertueux, un système de production agroalimentaire optimisé, innovant et durable, un type d’économie régulée sans entraves et une insertion favorable pour le Maroc dans un marché international licite en développement permanent », précise le CESE dans le focus de son rapport annuel de 2020.
Pour ce faire, le CESE propose tout d’abord d’ « apaiser le climat social en tournant la page des poursuites judiciaires à l’encontre des cultivateurs et leurs familles ». Des mécanismes de concertation entre l’État, les collectivités territoriales et la société civile dans la région devraient être mis en place, afin de construire, ensemble, un avenir de développement et de progrès au bénéfice de tous, insiste le Conseil.
La mise en place de cette stratégie passe aussi par la conception d’ « une filière intégrée du cannabis thérapeutique et industriel en valorisant, à l’échelle locale, le cannabis par un développement conjoint de la production et de la transformation de la plante avec, d’une part, les agriculteurs/producteurs de la plante qui pourront procéder à certaines transformations de la plante et vente de produits dérivés et, d’autre part, des industries transformatrices et extractrices, capables d’aller jusqu’à la composition pharmaceutique ou à tout autre produit à haute valeur ajoutée ».
La future stratégie devrait, toujours selon le CESE, prévoir des incitations spécifiques pour attirer les investissements et le savoir-faire national et international vers la région, dans les activités de transformation du cannabis. L’idée est de développer une économie nationale du cannabis ouverte sur les savoir-faire technologiques et les débouchés nécessaires à une production importante. « Cela suppose aussi qu’une recherche scientifique marocaine orientée vers la plante et sa transformation devrait constituer un pilier important de cette économie », peut-on lire dans le rapport.
En consacrant le focus de son rapport annuel à la situation dans les zones de culture du cannabis, le CESE entend susciter « une prise de conscience nationale » sur la nécessité de changer les conditions socio-économiques dans ces, qui se caractérisent par « un préjudice aussi bien économique, social qu’environnemental ».
Ces recommandations du Conseil tiennent compte des résultats d’un sondage qui révèle que 79% des personnes interrogées pensent que la culture du cannabis devrait être permise, sur autorisation spéciale. De même, 80% des sondés estiment que la légalisation du cannabis (à usage thérapeutique, cosmétique ou industriel) aura un impact positif sur les aspects économiques, notamment en ce qui concerne l’export de produits médicaux, la création d’emplois dans les territoires concernés et l’économie du Maroc en général.
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