Une forte incertitude pèse sur la croissance économique dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) en 2022 alors que "les risques à la baisse dominent", selon les dernières projections du Fonds monétaire international (FMI) publiées mercredi.
« La guerre en Ukraine a un impact considérable sur la région par le biais d’une multitude de canaux mondiaux et directs, avec un impact différencié selon les groupes de pays », souligne le FMI qui fait état d’une reprise « inégale ».
Les pays importateurs de pétrole au niveau de la région MENA sont confrontés à la hausse des prix des produits de base et le resserrement des conditions financières, qui alimentent l’inflation et affectent les comptes extérieurs et budgétaires. Certains pays sont également directement exposés, étant donné leur forte dépendance à l’égard des importations de blé et d’énergie en provenance de Russie et d’Ukraine.
Ainsi, fait savoir l’institution internationale basée à Washington, la croissance du PIB réel devrait atteindre 5 % en 2022, soit une hausse de 0,9 point de pourcentage par rapport aux projections d’octobre, contre 5,8 % en 2021.
« Cela masque des différences marquées entre les pays: la croissance des exportateurs de pétrole devrait atteindre 5,4 %, contre 4,4 % et 1,1 % dans les pays émergents et à revenus moyens et les pays à faibles revenus (PFR), respectivement », précise le rapport.
« L’inflation devrait rester élevée à 13,9 % en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie et, dans certains cas, de la dépréciation des taux de change et du laxisme des politiques monétaires et budgétaires”, indique-t-on.
Les économies de la région MENA et du Caucase et Asie centrale (CCA) sont confrontées à une détérioration des perspectives, compte tenu de la marge de manœuvre limitée dans un contexte de dette et d’inflation élevées, expliquent les experts de l’institution de Bretton Woods.
Pour de nombreux pays, la dette devrait encore augmenter en 2022 et rester au-dessus des niveaux pré-pandémiques à moyen terme. Les besoins bruts de financement public devraient passer de 537 milliards de dollars en 2020-21 à 584 milliards de dollars en 2022-23.
D’ici 2024, l’impact de la normalisation plus rapide que prévu de la politique monétaire dans les économies avancées devrait augmenter les charges d’intérêts budgétaires annuelles des pays émergents et à revenus moyens d’environ 4,5% des recettes budgétaires.
Le FMI prévient qu’une guerre prolongée en Ukraine et de nouvelles sanctions à l’encontre de la Russie entraîneraient des perturbations commerciales durables, une hausse des prix des produits de base et des pénuries prolongées de produits alimentaires vitaux. Une telle situation pèsera sur les pays importateurs de produits de base, et suscitera des inquiétudes quant à la sécurité alimentaire, en particulier dans les PFR, ainsi que des risques de troubles sociaux.
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