L’institution financière internationale anticipe que la croissance mondiale devrait chuter de 5,7 % en 2021 à 2,9 % en 2022, soit nettement moins que les 4,1 % prévus en janvier dernier.
« En venant s’ajouter aux dégâts causés par la pandémie de COVID-19, la guerre en Ukraine a accentué le ralentissement de l’économie mondiale, qui entre dans ce qui pourrait devenir une période prolongée de croissance faible et d’inflation élevée », peut-on lire dans les dernières Perspectives économiques mondiales publiées par la Banque mondiale.
Il en résulte un risque grandissant de stagflation, ce qui aurait des conséquences délétères tant pour les pays à faible revenu que pour ceux à revenu intermédiaire, préviennent les experts de l’organisation basée à Washington.
Selon la Banque mondiale, la situation actuelle est comparable à celle des années 1970 à trois titres: des perturbations persistantes de l’offre qui alimentent l’inflation, précédées d’une période prolongée de politique monétaire très accommodante dans les principales économies avancées; des projections de ralentissement de la croissance; des économies émergentes et en développement vulnérables face à la nécessité d’un durcissement de la politique monétaire pour maîtriser l’inflation.
L’édition de juin des Perspectives économiques mondiales fournit la première comparaison systématique des conditions économiques mondiales actuelles avec la stagflation des années 1970, en évaluant tout particulièrement la façon dont la stagflation pourrait affecter les économies de marché émergentes et en développement.
La sortie de la stagflation des années 1970 a supposé de fortes hausses des taux d’intérêt dans les principales économies avancées, qui ont joué un rôle prépondérant dans le déclenchement d’une série de crises financières dans les économies émergentes et en développement, rappellent les experts de l’institution financière internationale.
Toutefois, note-t-on, plusieurs aspects distinguent l’épisode d’aujourd’hui de celui des années 1970 : le dollar est fort, alors qu’il était très faible à l’époque, l’ampleur des hausses de prix des produits de base est plus modérée et les bilans des principales institutions financières sont généralement solides.
Plus important encore, et contrairement aux années 1970, les banques centrales des économies avancées et de nombreuses économies en développement ont désormais des mandats clairs vis-à-vis de la stabilité des prix et, au cours des trois dernières décennies, elles ont obtenu des résultats tangibles dans la réalisation de leurs objectifs d’inflation, fait observer le rapport.
“La guerre en Ukraine, les confinements en Chine, les perturbations des chaînes d’approvisionnement et le risque de stagflation pèsent sur la croissance. Pour bien des pays, il sera difficile d’échapper à la récession”, prévient le président de la Banque mondiale, David Malpass.
“Les marchés regardent vers l’avenir, il est donc urgent d’encourager la production et d’éviter les restrictions commerciales. Des changements dans les politiques budgétaires, monétaires, climatiques et d’endettement sont nécessaires pour remédier à l’affectation inappropriée des capitaux et aux inégalités”, soutient-il.
Selon la Banque mondiale, l’inflation mondiale devrait ralentir l’année prochaine, mais elle restera probablement supérieure aux objectifs dans de nombreux pays.