Le rapport sur l’Indice de l’industrialisation en Afrique fournit une évaluation à l’échelle nationale des progrès réalisés par les 52 pays africains sur la base de 19 indicateurs clés, selon un communiqué de la BAD. Le rapport permettra aux gouvernements africains d’identifier des pays de référence afin de mieux évaluer leurs propres performances industrielles et d’identifier plus efficacement les meilleures pratiques.
La Banque africaine de développement, l’Union africaine et l’Onudi ont lancé conjointement la première édition du rapport en marge du Sommet de l’Union africaine sur l’industrialisation et la diversification économique qui se tient à Niamey, au Niger, précise-t-on.
Les 19 indicateurs de l’indice couvrent les performances manufacturières, le capital, la main-d’œuvre, l’environnement des affaires, les infrastructures et la stabilité macroéconomique. L’indice établit également un classement du niveau d’industrialisation des pays africains selon trois axes: les performances, les déterminants directs et indirects.
Les déterminants directs comprennent les dotations en capital et en main-d’œuvre et la manière dont elles sont déployées pour stimuler le développement industriel. Les déterminants indirects comprennent les conditions environnementales favorables telles que la stabilité macroéconomique, des institutions et des infrastructures solides.
L’Afrique du Sud a conservé un classement très élevé tout au long de la période 2010-2021, suivie de près par le Maroc, qui occupait la deuxième place en 2022. L’Egypte, la Tunisie, Maurice et Eswatini complètent le top six sur la période.
Représentant l’institution lors de l’événement de lancement, Abdu Mukhtar, directeur du Développement de l’industrie et du commerce à la BAD, a déclaré que si l’Afrique a fait des progrès encourageants en matière d’industrialisation au cours de la période 2010-2022, la pandémie du Covid-19 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont freiné ses efforts et mis en évidence des lacunes dans les systèmes de production. « Le continent a une occasion unique de remédier à cette dépendance en renforçant davantage son intégration et en conquérant ses propres marchés émergents ».
« La Zone de libre-échange continentale africaine constitue une opportunité inédite de créer un marché unique de 1,3 milliard de personnes et de générer des dépenses cumulées des consommateurs et des entreprises pouvant atteindre 4.000 milliards de dollars, ce qui offre la possibilité de renforcer leurs liens commerciaux et de production et de tirer enfin parti de la compétitivité industrielle de l’intégration régionale, comme l’ont fait d’autres régions », a-t-il ajouté.
La BAD a investi jusqu’à 8 milliards de dollars au cours des cinq dernières années dans le cadre de sa priorité stratégique « High-5 » dénommée « Industrialiser l’Afrique ». « Rien que dans le secteur pharmaceutique, nous avons l’intention de dépenser au moins 3 milliards de dollars d’ici 2030 », a fait savoir Mukhtar.
La construction d’une industrie productive fera partie intégrante du développement de l’Afrique, offrant une voie vers une transformation structurelle accélérée, la création d’emplois formels à grande échelle et une croissance inclusive. Toutefois, la part de l’Afrique dans l’industrie manufacturière mondiale a diminué pour atteindre le niveau actuel de moins de 2%, note le communiqué.
Les autres conclusions clés du rapport montrent qu’au cours de la période couverte, Djibouti, le Bénin, le Mozambique, le Sénégal, l’Ethiopie, la Guinée, le Rwanda, la Tanzanie, le Ghana et l’Ouganda ont tous progressé de cinq places ou plus dans le classement.
Les pays les plus performants ne sont pas nécessairement ceux dont l’économie est la plus importante, mais ceux qui génèrent la plus forte valeur ajoutée manufacturière par habitant, avec une proportion importante de produits manufacturés destinés à l’exportation, insiste le rapport, notant que l’Afrique du Nord reste la région africaine la plus avancée en matière de développement industriel, suivie par l’Afrique australe, l’Afrique centrale, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique de l’Est.