Selon son rapport annuel consacré à l’endettement, environ 60% des pays les plus pauvres sont sur le point ou ont déjà basculé dans une crise de la dette, notamment sous l’effet de la dépréciation de leur monnaie par rapport au dollar sur le marché des changes, alors que leur dette est souvent libellée en billets verts, mais également du fait de la hausse des taux d’intérêt depuis le début de l’année.
« La crise de la dette que les pays en développement doivent affronter s’est intensifiée. (…) Beaucoup de ses pays font face à un risque financier et d’instabilité politique, avec des millions de personnes qui basculeront dans la pauvreté » si rien n’est fait pour les aider, a estimé le président de la Banque mondiale, David Malpass, cité dans le communiqué.
Difficulté supplémentaire pour les pays les plus pauvres, ils dépensent désormais plus de 10% de leurs revenus annuels tirés de l’exportation pour rembourser leur dette, un niveau au plus haut depuis le début des années 2000. Avec d’importantes sommes à débourser: sur 2022 les pays pouvant emprunter auprès de l’association internationale de développement (IDA) de la Banque mondiale devront rembourser plus de 62 milliards de dollars, en hausse significative sur un an. Les deux tiers de cette somme seront à destination de la Chine.
Car dans le même temps, la composition des détenteurs de dette des pays en développement a profondément évolué, rappelle la BM. Jusqu’ici largement entre les mains des pays membres du Club de Paris (une vingtaine de pays dont le G7 et la Russie), cette dernière est désormais en premier entre les mains du secteur privé (61%).
Pour le reste, plusieurs Etats non membres du club de Paris, en premier lieu la Chine, l’Inde et plusieurs pays du Golfe, ont vu leur part augmenter, la Chine représentant parfois à elle seule près de la moitié des emprunts auprès d’un autre Etat. La multiplication des acteurs augmente les coûts d’emprunt des pays concernés et vient renforcer les difficultés pour restructurer leur dette avant qu’elle ne devienne ingérable, comme cela a pu être le cas récemment pour le Sri Lanka, avec des conséquences souvent dramatiques pour les pays concernés.
Autre problème: les informations relatives à la dette, en particulier entre Etats, sont bien souvent incomplètes. « Cette absence de transparence est l’une des raisons pour lesquelles des pays basculent dans la crise », a souligné le chef économiste de la BM, Indermit Gill. « La transparence permet d’être plus efficace pour restructurer la dette afin que les Etats puissent retrouver rapidement stabilité financière et croissance ».