Milan, 25 mai (LaPresse) – « La création d’un marché unique efficace pour les capitaux serait essentielle à notre prospérité. C’est l’essence même de l’Europe, mais nous avons perdu beaucoup de temps. » C’est ce qu’a déclaré Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne, dans une interview à Repubblica.
« Nous avons créé le marché commun en 1957 avec le Traité de Rome, renforcé cette volonté en 1986 avec l’Acte unique européen, adopté une monnaie unique en janvier 1999, et théoriquement lancé l’union bancaire en 2014. Mais nous n’avons toujours pas de véritable marché unique pour les banques et les capitaux, ni pour les télécommunications, les plateformes numériques, les industries de défense ou l’énergie », a ajouté Trichet. Concernant l’union bancaire, il a souligné : « Il faut enfin créer un vrai système de garantie des dépôts et un cadre pour gérer conjointement les crises bancaires. »
« Plus je réfléchis aux perspectives de l’Europe, plus je me sens fédéraliste : l’absence d’une véritable fédération politique est le plafond de verre qui nous empêche d’atteindre nos objectifs, non seulement dans le domaine économique et financier, mais aussi politique et diplomatique. La raison pour laquelle l’euro n’est pas encore l’équivalent du dollar — qui traverse actuellement une période de grande faiblesse — réside dans le fait qu’il faut obtenir 20 signatures de différents ministres des Finances, ce qui fait que la liquidité et la fiabilité de nos titres sont dix fois inférieures à celles des États-Unis. Et c’est impardonnable », a conclu Trichet.
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