La pollution atmosphérique et la dégradation des mers et des littoraux au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA) engendre un coût humain et économique considérable, pouvant atteindre jusqu’à plus de 3 % du PIB dans certains pays de la région, indique un rapport de la Banque mondiale publié ce lundi.

Le document, axé sur la pollution au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

met en évidence la dégradation des actifs naturels « bleus » de la région MENA (un air pur, une mer saine et un littoral stable).

Selon le rapport, les niveaux de pollution atmosphérique des mégapoles de la région MENA figurent parmi les plus élevés au monde, et le citadin moyen respire un air où la concentration en polluants est au moins dix fois supérieure aux valeurs guides de l’OMS pour la qualité de l’air ambiant.

Environ 270.000 décès annuels sont imputables à la pollution atmosphérique, un chiffre plus élevé que le cumul des décès dus aux accidents de la route, au diabète, au paludisme, à la tuberculose, au VIH/sida et à l’hépatite aiguë, déplorent les auteurs du rapport. Ced forts taux de pollution coûtent à l’habitant moyen au moins 60 jours de maladie au cours de sa vie. Les coûts économiques induits sont considérables : environ 141 milliards de dollars par an, soit 2 % du PIB régional.

Par ailleurs, le niveau de pollution plastique des mers de la région est le plus élevé au monde. Avec plus de 6 kg de déchets par personne et par an, la pollution marine s’accroît et représente un coût annuel environ égal à 0,8 % du PIB régional, selon les estimations du rapport. Cette pollution provient avant tout d’une gestion inadéquate des déchets solides et d’une surconsommation de plastique, due en partie à l’absence de solutions alternatives, selon le rapport de la Banque mondiale. Dans les régions du Maghreb et du Machreq, près de 60 % des déchets ne bénéficient d’aucun traitement adapté et les décharges à ciel ouvert prédominent, y compris dans les pays du Golfe à revenu élevé. Le volume total des déchets produits devrait pratiquement doubler d’ici à 2050 pour atteindre 255 millions de tonnes (contre 129 millions de tonnes en 2016), ce qui viendra encore aggraver la situation.

À la pollution marine s’ajoute la menace grandissante que constitue l’érosion des côtes, dont le rythme dans la région MENA est le deuxième plus rapide au monde. Au Maghreb, plus particulièrement, l’érosion du littoral atteint un rythme moyen d’environ 15 cm par an, soit plus du double de la moyenne mondiale (7 cm/an). La disparition des plages de la région MENA met en péril les moyens de subsistance, notamment parmi les populations pauvres. Elle nuit à la pêche, restreint le tourisme côtier et menace les activités connexes. Le coût direct de l’érosion côtière en termes de destruction de terres et de bâtiments (et donc, sans prendre en compte la diminution des recettes touristiques et autres coûts indirects) varie de 0,2 % du PIB en Algérie à 2,8 % en Tunisie.

Concrètement, en ce qui concerne la pollution atmosphérique, le rapport préconise de chiffrer son coût et d’en faire payer le prix, de réformer les subventions aux carburants fossiles et de créer des marchés pour les émissions polluantes, tout en mettant à disposition des modes de transport plus propres. L’application effective de normes d’émission plus strictes pour le secteur industriel est cruciale, tout comme l’amélioration de la gestion des déchets solides, afin de réduire le brûlage à l’air libre des déchets agricoles et municipaux.

En matière de lutte contre la pollution marine par les plastiques, le rapport recommande de renforcer la gestion des déchets solides, de créer des structures de marché fiables pour le recyclage et de collaborer plus étroitement avec le secteur privé pour remplacer les plastiques, tout en diminuant les subventions aux combustibles fossiles qui réduisent artificiellement le prix des plastiques par rapport à des solutions alternatives.

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