Pendant que Kaboul se débat avec une grave crise humanitaire critique et économique, les experts des droits de l’homme de l’ONU ont ainsi appelé le gouvernement américain à débloquer les avoirs étrangers de la banque centrale afghane, qui s’élèvent à plus de 7 milliards de dollars américain.
« Nous appelons le gouvernement des États-Unis à prendre en compte la crise humanitaire croissante en Afghanistan et à réévaluer sa décision de bloquer les actifs étrangers de la Da Afghanistan Bank », ont déclaré dans un communiqué une dizaine d’experts indépendants onusiens dont Alena Douhan, Rapporteure spéciale de l’ONU sur l’impact négatif des mesures coercitives unilatérales sur la jouissance des droits de l’homme.
Le Président des Etats-Unis a signé, vendredi 11 février, un décret permettant la saisie de 7 milliards de dollars de réserves de la banque centrale afghane déposés aux Etats-Unis. Joe Biden veut qu’une moitié de cette somme, déposée jusqu’ici aux Etats-Unis, soit réservée pour des demandes d’indemnisation, faites en particulier par des familles de victimes des attentats du 11 septembre 2001.
« Nous nous faisons l’écho des propos du Secrétaire général de l’ONU, qui a qualifié la situation de crise humanitaire épique au bord de la catastrophe en matière de développement, et nous appelons les États à lever tous les obstacles à la fourniture de l’aide financière et humanitaire nécessaire », ont ajouté les experts.
En attendant, ils ont regretté la récente décision du gouvernement américain (Executive Order n° 14064) de renouveler le blocage des avoirs étrangers de la banque centrale d’Afghanistan, et d’en utiliser une partie à « d’autres fins aux États-Unis, au lieu de répondre aux besoins humanitaires immédiats et à plus long terme de l’Afghanistan ». A ce sujet, ils ont noté avec inquiétude les dispositions de la section 3 de l’ordre exécutif présidentiel n° 14064 interdisant « tout acte de terrorisme ».
Ils se sont préoccupés notamment des dispositions de la section 3 du décret présidentiel n° 14064, qui interdit « toute transaction » et « toute conspiration formée pour violer l’une des interdictions énoncées dans ce décret ».
Selon les experts indépendants onusiens, ces « formulations trop larges » risquent d’exacerber le climat d’incertitude parmi les acteurs concernés, y compris les banques, les entreprises et les donateurs humanitaires.
Ils redoutent qu’un tel dispositif entraîne « un respect trop zélé des sanctions », empêchant ainsi la population afghane d’avoir accès aux biens humanitaires de base.