MSF réclame de nouveaux couloirs humanitaires pour les migrants bloqués en Libye
di HB,
20 juin 2022
Les pays occidentaux doivent évacuer de «toute urgence» les migrants les plus vulnérables bloqués en Libye, réclame l’ONG française Médecins sans frontières (MSF) dans un rapport paru lundi 20 juin, proposant notamment l’ouverture de nouveaux «corridors humanitaires».
Les quelques voies légales de sortie, mises en place par l’Organisation internationale des migrations (OIM) et le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU sont trop «restrictives et lentes», justifie Jérôme Tubiana, l’auteur du rapport.
«En Libye, la grande majorité des exilés sont victimes de détention arbitraire, de torture et de violences, y compris sexuelles. Leurs possibilités de protection physique et juridique y sont extrêmement limitées et fragiles. En conséquence, la route migratoire, très souvent mortelle, via la mer Méditerranée est parfois leur seule échappatoire», dénonce l’ONG dont la publication coïncide avec la Journée mondiale des réfugiés.
Sur les 40.000 personnes inscrites sur les listes du HCR, seules 1662 ont pu quitter la Libye en 2021 grâce aux programmes dits de «réinstallation». Et 3000 personnes ont bénéficié du programme de «retour volontaire» de l’OIM. «Certains des premiers à avoir été listés en 2017 sont encore sur place», souligne Jérôme Tubiana. Le rapport estime à 600.000 le nombre d’exilés en Libye.
Face à cette situation, l’ONG voit dans les couloirs humanitaires une solution «plus rapide et plus ouverte», avec «moins de critères de sélection», poursuit Jérôme Tubiana. Pour construire ce protocole, elle s’est associée à l’organisation Sant’Egidio, qui a déjà mis en place un couloir humanitaire entre le Liban et la France depuis 2017, pour y acheminer des réfugiés Syriens ou Irakiens. Au total 550, à ce jour, confirme la présidente de Sant’Egidio Valérie Régnier, qui assure faire «de la dentelle» qui «marche»: «C’est un protocole qui a fait ses preuves en termes d’intégration», avec des personnes réparties dans 43 départements français et «qui y restent». MSF et Sant’Egidio assurent mener des discussions sur ces corridors avec une dizaine de pays dont la France, le Canada et les États-Unis.