Le Conseil d’administration du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé, vendredi à Abidjan, l’octroi d’un prêt de 121 millions d’euros au Sénégal pour la mise en œuvre d’un programme agricole d’urgence au profit de 850 000 petits producteurs, dont 35% de femmes, annonce dimanche un communiqué de la BAD.

« La dépendance du Sénégal vis-à-vis de l’extérieur pour les produits de base et les denrées alimentaires, constitue un véritable goulot d’étranglement et pose la problématique de la souveraineté́ alimentaire du pays, accentuée par la guerre russo-ukrainienne », indique Mohamed Chérif, responsable pays du Groupe de la Banque africaine de développement au Sénégal, cité par le communiqué.

« Cette opération de la Banque vise à atténuer les chocs exogènes sur les plans financier, économique, social et climatique, et à maintenir la tendance haussière de la production céréalière observée ces dernières années, notamment en concentrant les efforts sur la disponibilité des principaux intrants auprès des producteurs (semences et engrais) », ajoute-t-il.

Ce prêt est le premier qui lance la mise en œuvre sur le terrain de la Facilité africaine de production alimentaire d’urgence (https://bit.ly/3ysVDnh) de 1,5 milliard de dollars élaborée par la Banque pour faire face à la crise alimentaire qui menace l’Afrique du fait de la guerre russo-ukrainienne, précise la BAD.

Le 20 mai dernier, le Conseil d’administration de la Banque a adopté la facilité qui va fournir des semences agricoles à 20 millions de producteurs du continent. Les variétés concernées sont le blé, le maïs, le riz et le soja, indique le communiqué relevant que l’objectif est de produire 38 millions de tonnes de nourriture supplémentaires d’une valeur de 12 milliards de dollars pour les deux prochaines années.

Dénommé « Programme de production alimentaire d’urgence », le programme se décline en trois axes : améliorer l’accès aux semences certifiées et l’appui conseil, améliorer l’accès des exploitants agricoles aux engrais et améliorer la gouvernance et le déploiement des politiques publiques dans le secteur agricole.

S’agissant du premier axe d’intervention, le programme va permettre d’acquérir 7 000 tonnes de semences céréalières, 3 000 tonnes de semences de niébé et 15 000 tonnes de semences de pomme de terre au profit des producteurs (trices).

En outre, une convention de partenariat entre le ministère sénégalais de l’Agriculture et de l’Équipement rural et l’Institut sénégalais de recherches agricoles va faciliter la fourniture de semences de prébase. Ainsi, au moins 850 multiplicateurs semenciers (dont 25% de femmes), se verront remettre des semences prébase. Quelque 350 000 hectares supplémentaires vont être ensemencés pour donner une production additionnelle de 600 000 tonnes de céréales (riz, maïs, mil) environ, 120 000 tonnes de niébé et 150 000 tonnes de pomme de terre, ajoute le communiqué.

Pour le deuxième axe, note-t-on de même source, ce sont 118 000 tonnes d’engrais supplémentaires qui vont être acquis en 2022 et 2023, et une étude-diagnostic va être menée pour la réforme globale du système de distribution des engrais et améliorer les procédures de subventions des intrants agricoles, poursuite la BAD soulignant que le programme accompagnera la numérisation de la distribution des intrants, dont la phase pilote ciblera 20 % des bénéficiaires d’engrais, dont 35 % de femmes.

Le troisième axe englobe entre autres, l’évaluation et l’actualisation de la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale (2004-2024), l’actualisation de la Lettre de politique sectorielle de développement agricole (2019-2023); la validation du Programme agricole de souveraineté alimentaire et durable (2021-2025) et l’élaboration d’un programme national sur l’assurance indicielle et climatique.

Le 30 avril 2022, le portefeuille actif du Groupe de la Banque africaine de développement au Sénégal comptait 30 projets, pour un total de 2,37 milliards d’euros, selon le communiqué.

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