Le monde ne peut se permettre d’ignorer la situation humanitaire "désastreuse" dans la Corne de l'Afrique en raison d’une grave sécheresse, ont alerté vendredi des responsables de l’ONU.

« C’est un désastre comme nous n’en avons jamais vu au cours des 40 dernières années », ont décrit, dans une tribune conjointe, Mohamed Malick Fall, directeur régional de l’UNICEF pour l’Afrique orientale et australe, Michael Dunford, directeur régional du Programme alimentaire mondial (PAM) pour l’Afrique orientale, Chimimba David Phiri, Coordinateur sous-régional de la FAO pour l’Afrique orientale, et Sara Mbago-Bhunu, directrice du Fonds international de développement agricole (FIDA) pour l’Afrique orientale et australe.

Au moins 36 millions de personnes dans la région de la Corne de l’Afrique souffrent des effets d’une sécheresse prolongée. « Nous avons besoin d’un changement significatif de la part de la communauté internationale pour aider les communautés de la région à faire face à ces chocs », lit-on dans la tribune. Des millions de personnes dans la Corne de l’Afrique sont confrontées à des pénuries alimentaires en raison de la pire sécheresse depuis 40 ans et de l’augmentation des coûts alimentaires mondiaux.

Près de 21 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire élevée. « Ce chiffre équivaut aux populations combinées du Danemark, du Portugal et de la Nouvelle-Zélande », ont-ils fait valoir dans cette tribune publiée dans la presse.

Avec une cinquième saison des pluies déjà défaillante, les moyens de subsistance ont été poussés au point de non-retour. La sécheresse a détruit de vastes étendues de cultures, de pâturages et de bétail et asséché les sources d’eau. Plus de 9 millions de têtes de bétail sont mortes en Éthiopie, au Kenya et en Somalie.

« Pourtant, l’attention du monde est ailleurs », ont regretté les responsables onusiens, relevant que le conflit en cours en Ukraine a évincé la sécheresse de la Corne de l’Afrique de la Une des journaux et de l’attention des donateurs, tout en augmentant les prix des denrées alimentaires et en réduisant la disponibilité des importations de céréales.

Or, selon eux, ce qui se passe dans la Corne de l’Afrique est « un avant-goût de ce qui attend le monde entier dans les décennies à venir », avec des chocs climatiques devenus plus fréquents et plus graves.

Une façon de rappeler que la gestion de la sécheresse dans la Corne de l’Afrique permettra à la communauté internationale « de tirer des leçons essentielles sur la manière de faire face aux futurs défis du changement climatique dans le monde entier ».

Malgré les aides des agences onusiennes, les Nations Unies ont du mal à mobiliser des fonds. L’appel de fonds de 3,3 milliards de dollars n’est financé qu’à 40%, la majeure partie de cette somme étant destinée aux interventions immédiates.

© Copyright LaPresse