Malgré les interdictions d'emploi et d'éducation imposées aux femmes par les talibans en Afghanistan, l'ONU continuera de dispenser son aide humanitaire à ce pays pauvre d'Asie du Sud en privilégiant le "dialogue" à la "pression" sur le régime, a affirmé jeudi un responsable de l'organisation.

Ramiz Alakbarov, représentant spécial adjoint du secrétaire général et coordinateur humanitaire pour l’Afghanistan, a aussi annoncé, lors d’un point de presse à New York, que le patron de l’agence humanitaire des Nations unies Martin Griffiths se rendrait prochainement en Afghanistan.

Les talibans viennent d’interdire aux femmes et aux filles de poursuivre des études universitaires et de travailler dans des ONG nationales ou internationales, provoquant un tollé en Occident.

Le G7, le Conseil de sécurité et le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres ont exigé que Kaboul revienne « de toute urgence » sur ces restrictions « irresponsables et dangereuses » et qui sont « d’injustifiables violations des droits humains ».

Pour autant, il n’est pas question de cesser d’apporter de l’aide aux « plus de 28 millions de gens qui en ont besoin » dans ce pays parmi les plus pauvres de la planète, a affirmé M. Alakbarov.

Il est « absolument fondamental de ne jamais parler d’arrêter l’assistance humanitaire pour la population d’Afghanistan », a-t-il affirmé, de retour d’une visite dans ce pays où les talibans ont repris le pouvoir en août 2021 lors du départ chaotique des forces armées américaines. Suspendre l’aide serait une décision de « dernier recours que nous ne prendrons jamais (…) La population afghane n’a rien à voir avec cette situation », a martelé le responsable onusien.

Interrogé sur les condamnations internationales du bannissement des femmes, M. Alakbarov a estimé que fort de ses « échanges avec les talibans, la meilleure manière de parvenir à une solution passe par le dialogue, pas la pression ».

« Ce mouvement n’a pas répondu favorablement à la pression par le passé », a-t-il rappelé en allusion à ce régime islamique rigoriste au pouvoir de 1996 à 2001. Le responsable onusien a dit qu’il n’œuvrait qu’à « une seule chose, débloquer la situation, négocier pour que les femmes retournent au travail et les filles à l’école ».

A cet égard, M. Alakbarov a annoncé la venue en Afghanistan « dans quelques semaines » de son patron Martin Griffiths, secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU. Quand « vous êtes un humanitaire, vous êtes impliqué dans le dialogue, vous apportez de l’aide, que ce qui se passe sur le terrain vous plaise ou non », a-t-il conclu.

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