Des dossiers épineux attendent le nouveau gouvernement marocain, qui devra être annoncé avant l’ouverture de la législature 2021-2026. Tour d’horizon de ce qui attend le prochain exécutif.
Révision de la loi de finances 2022
La première tâche du prochain gouvernement sera de revoir le projet de loi de Finances 2022 préparé par l’équipe sortante pour l’adapter à ses priorités et aux engagements pris dans le cadre du programme électoral. Le nouveau gouvernement devra travailler avec un deadline serré puisque la loi organique relative à la loi de Finances précise que le projet de budget doit être déposé au bureau de la Chambre des représentants au plus tard le 20 octobre. Cela dit, le chef du gouvernement qui sera désigné par le Roi Mohammed VI, devra accélérer la cadence pour constituer son équipe et éviter le scénario de 2016.
En 2016, le blocage dans la constitution du gouvernement d’Abdelilah Benkirane avait mis en stand-by pendant plusieurs mois le projet de budget 2017 avant d’être adopté en mai 2017. Or, le retard dans l’adoption du budget limite les marges de manœuvre des opérateurs économiques.
Mise en œuvre du Modèle de développement
Encore un dossier brulant pour le futur gouvernement, celui de l’implémentation du nouveau modèle de développement. La mise en œuvre du modèle de développement sera un premier test pour la nouvelle équipe gouvernementale, d’autant que le Souverain y accorde une importance particulière. Il est question d’adopter un pacte national pour le développement comme outil de mise en œuvre, et dont la première mouture préparée sous le gouvernement El Othmani n’avait pas fait l’unanimité.
Le futur gouvernement devra donc accélérer la cadence pour ressortir avec une version validée par toutes les parties qui ont été impliquées dans la phase de conception.
La relance économique après la crise Covid
Les opérateurs économiques attendent la prochaine équipe gouvernementale de pied ferme. La crise Covid et les restrictions sanitaires prises par le gouvernement sortant ont fortement affecté la trésorerie du secteur économique, poussant pas moins de 6.612 entreprises à mettre la clé sous la porte en 2020. On s’attend à ce que le nouveau gouvernement adopte un plan de relance économique avec des mesures incitatives, particulièrement pour les TPME et les PME qui figurent en tête des entreprises les plus affectées par la crise sanitaire.
En outre, la sauvegarde des équilibres macro-économiques et l’amélioration des recettes de l’Etat font partie des tâches colossales qui attendent le gouvernement.
Relance du dialogue social
L’autre dossier chaud qui attend le gouvernement concerne le dialogue social. Le nouveau gouvernement est appelé à relancer les négociations avec les centrales syndicales les plus représentatives pour débloquer plusieurs dossiers. Il faudra notamment trouver un terrain d’entente sur le projet de loi régissant les syndicats. La première mouture de ce texte, préparée par l’équipe d’El Othmani, n’avait pas été du goût de plusieurs centrales syndicales.
Il faudra également trouver un consensus sur le très controversé projet de loi sur la grève, un texte en attente au Parlement depuis octobre 2016.
D’autres dossiers seront sur la table du prochain gouvernement comme l’accélération de la mise en œuvre de la réforme du secteur de l’éducation et l’implémentation du chantier de la généralisation de la protection sociale. A cela s’ajoutent la concrétisation du programme électoral du RNI qui promis d’améliorer les conditions de vie des citoyens et d’oeuvrer à promouvoir les filets sociaux.
Le nouveau gouvernement, qui devra être dirigé par le premier parti arrivé en tête des élections, à savoir le RNI, réussira-t-il à relever tous ces défis, et à réussir surtout là ou son prédécesseur a échoué ? Verdict dans les cinq prochaines années.