Tunisie : Le président rejette « des ingérences » étrangères

Le président tunisien Kais Saied s’en est pris jeudi à l’un de ses prédécesseurs sans le nommer, l’accusant de « comploter » contre la sûreté de l’Etat en faisant appel au soutien de pays étrangers.

« La Tunisie est un Etat libre et indépendant et il n’est pas question de s’ingérer dans ses affaires (…). Notre souveraineté passe avant tout, notre dignité passe avant tout », a martelé le président Saied à l’ouverture du premier conseil des ministres depuis la formation lundi d’un nouveau gouvernement. « Pas question de comploter contre la sûreté de la Tunisie (…), nous n’acceptons pas que notre souveraineté soit mise sur la table des négociations avec l’étranger », a-t-il ajouté, en faisant allusion à l’ancien président Moncef Marzouki, sans le citer nommément.

Marzouki, président entre 2011 et 2014, s’oppose farouchement au coup de force de M. Saied du 25 juillet, le qualifiant de « coup d’Etat » et appelant à sa destitution. Lors d’une manifestation samedi à Paris, où il réside, Marzouki avait appelé « le gouvernement français »à « rejeter tout soutien à ce régime et à cet homme (Kais Saied) qui a comploté contre la révolution et aboli la constitution ». « La France démocratique ne doit pas être à côté du régime dictatorial », avait-il ajouté devant plusieurs dizaines de personnes, selon une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Kais  Saied a appelé la nouvelle ministre de la Justice à ouvrir une enquête sur « cette affaire », évoquant son intention de retirer à l’ex président Marzouki son passeport diplomatique. « Il (Moncef Marzouki) figure parmi les ennemis de la Tunisie et il n’est pas question qu’il continue à bénéficier de cet avantage et de faire le tour des capitales (…) pour porter atteinte aux intérêts de la Tunisie », a dit Kais Saied.

Le président tunisien a par ailleurs fait part de « son mécontentement de voir la situation en Tunisie inscrite à l’ordre du jour du Congrès américain » en recevant jeudi l’ambassadeur américain à Tunis, Donald Blome, selon la présidence. En effet, un débat était organisé jeudi à Washington au sein du sous-comité des Affaires étrangères sous l’intitulé, « Tunisie: examiner l’état de la démocratie et les prochaines étapes pour la politique américaine ».

Fin juillet, le président Saied a invoqué un « péril imminent » pour s’arroger les pleins pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire). Le 22 septembre, il a promulgué un décret qui officialise la suspension de plusieurs chapitres de la Constitution et instaure des « mesures exceptionnelles » censées être provisoires, le temps de mener des « réformes politiques », dont des amendements à la Constitution de 2014.

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