Une délégation de talibans est attendue en Norvège du 23 au 25 janvier pour des rencontres centrées sur la situation humanitaire critique en Afghanistan et sur les droits humains, a annoncé vendredi la diplomatie norvégienne.
A Oslo, les talibans devraient rencontrer des représentants des autorités norvégiennes et d’autres pays alliés, ainsi que des représentants de la société civile afghane, a indiqué le ministère norvégien des Affaires étrangères dans un communiqué.
« Afin de pouvoir aider la population civile en Afghanistan, il est essentiel que tant la communauté internationale que des Afghans de différentes facettes de la société engagent un dialogue avec les Talibans », a déclaré la ministre Anniken Huitfeldt citée dans le communiqué.
Soulignant que la Norvège serait « claire » concernant ses attentes en particulier pour ce qui de l’éducation des filles et les droits humains, Mme Huitfeldt a précisé que les rencontres prévues « ne constituent pas une légitimation ou une reconnaissance des Talibans ». « Mais nous devons parler aux autorités qui dirigent de facto le pays. Nous ne pouvons pas laisser la situation politique déboucher sur un désastre humanitaire encore plus grave », a-t-elle dit.
La situation humanitaire en Afghanistan a pris un tour dramatique depuis août et le retour au pouvoir des talibans, confrontés à des caisses quasiment vides après leur conquête éclair du pays.
L’aide internationale s’est soudainement arrêtée, et les Etats-Unis ont également gelé 9,5 milliards de dollars d’avoirs de la Banque centrale afghane.
La famine menace aujourd’hui 23 millions d’Afghans, soit 55% de la population, selon l’ONU, qui a besoin de 4,4 milliards de dollars des pays donateurs cette année afin de faire face à la crise humanitaire dans le pays.
Mercredi, les talibans ont appelé les pays musulmans à se montrer « précurseurs » et à reconnaître « officiellement » leur gouvernement.
« J’appelle les pays musulmans à se montrer précurseurs et à nous reconnaître officiellement. J’espère que nous serons ensuite capables de nous développer rapidement », a déclaré Mohammad Hassan Akhund lors d’une conférence de presse concernant la crise économique majeure qui frappe le pays depuis l’arrivée au pouvoir des talibans en août 2021 et l’arrêt de l’aide internationale au pays.
Face aux craintes qu’un éventuel retour de l’aide internationale, qui finançait 80% du budget afghan, ne profite aux talibans, le premier ministre afghan a tenu à distinguer son gouvernement du peuple afghan.
« Nous (le gouvernement) ne voulons de l’aide de personne. Nous n’en voulons pas pour les responsables. Nous en avons besoin pour notre population », a-t-il expliqué, en estimant que les talibans avaient « rempli » les conditions pour être reconnus, en ramenant la paix et la sécurité dans le pays.
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