Le Premier ministre malien accuse la France d’avoir oeuvré à la division du pays

Le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, a de nouveau accusé la France d'avoir volontairement cherché à diviser son pays à travers son engagement militaire.

« Après (un) temps d’allégresse » en 2013 quand les soldats français ont libéré le nord du Mali tombé sous la coupe de groupes jihadistes, « l’intervention s’est muée dans un deuxième temps en une opération de partition de fait du Mali qui a (consisté dans) la sanctuarisation d’une partie de notre territoire, où les terroristes ont eu le temps de se réfugier, de se réorganiser pour revenir en force à partir de 2014 », a-t-il déclaré devant les diplomates réunis lundi à la Primature.

Depuis que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a imposé au Mali le 9 janvier des sanctions soutenues par la France et différents partenaires du pays, la junte s’arc-boute sur la souveraineté du territoire.

Les autorités maliennes accusent la France, ex-puissance coloniale, d’avoir instrumentalisé la Cédéao. L’objectif est « de nous présenter comme un paria, avec l’objectif inavoué et inavouable à court terme d’asphyxier l’économie afin d’aboutir pour le compte de qui l’on sait et par procuration à la déstabilisation et au renversement des institutions de la transition », a dit Maïga.

Les dirigeants français « n’ont jamais dit à leur opinion publique, quand ils intervenaient en 2013, qu’ils allaient diviser le Mali », a-t-il dit.

« On ne peut pas nous vassaliser, on ne peut pas transformer le pays en esclave ; ça, c’est terminé », a-t-il poursuivi en référence à la colonisation.
Maïga s’est aussi attaqué à Takuba, groupement européen de forces spéciales initié par la France et destiné à accompagner les soldats maliens au combat face aux jihadistes.

Takuba, « c’est pour diviser le Mali. C’est ‘le sabre’, en (langue) songhai et en tamasheq, ça n’est pas un nom qui a été pris par hasard », a-t-il dit.
En plus de retarder le retour des civils au pouvoir, la France et ses partenaires européens ou américains reprochent à la junte d’avoir fait appel au sulfureux groupe russe de mercenaires Wagner, ce qu’elle conteste.

Devant les diplomates, au premier rang desquels l’ambassadeur russe Igor Gromyko, Maïga a assimilé les soldats de la Légion étrangère, corps de l’armée française, à des mercenaires.

Il a évoqué le rappel en février 2020 avant la prise du pouvoir par les colonels maliens de l’ambassadeur malien à Paris Toumani Djimé Diallo. Celui-ci avait provoqué la colère des autorités françaises en accusant des soldats français de « débordements » dans les quartiers chauds de Bamako.

Les autorités maliennes avaient rappelé le diplomate à la demande de la France « sur la base de simples déclarations (…) sur le comportement peu orthodoxe de certains légionnaires français au Mali, j’allais dire mercenaires », a déclaré M. Maïga.

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