Le président francais Emmanuel Macron a dit vouloir ouvrir "une page nouvelle" dans les relations bilatérales avec l'Algérie, jeudi, au premier jour de sa visite dans ce pays, avec un travail commun de mémoire sur le passé colonial.
« Nous avons un passé commun, il est complexe, douloureux et il a pu parfois comme empêcher de regarder l’avenir », a estimé Emmanuel Macron, appelant à le « regarder en face avec beaucoup d’humilité ».
« Le passé nous ne l’avons pas choisi, nous en héritons, c’est un bloc, il faut le regarder le reconnaître, mais nous avons une responsabilité, c’est de construire notre avenir pour nous-mêmes et nos jeunesses », a-t-il ajouté, dans une déclaration faite aux côtés de son homologue Abdelmajid Tebboune.
« Je crois pouvoir dire que notre volonté, le travail que nous conduisons depuis cinq ans en France mais aussi les dialogues permanents que nous avons eus l’un et l’autre m’ont à chaque fois conforté dans l’idée que nous vivons un moment unique que j’espère doit nous permettre de regarder en face ce passé avec beaucoup d’humilité, de volonté de vérité, de mémoire et d’histoire », a développé M. Macron.
Le président français a tenu à préciser qu’il ne s’agissait pas de « se débarrasser de ce passé, parce que c’est impossible. »
« Ce sont des vies, ce sont nos histoires (…) Nous en avons longuement parlé et nous avons demandé à nos ministres de finaliser à la fin de cette visite l’écriture exacte de ce que nous avons acté », a ajouté le président français qui a annoncé un premier accord avec son homologue algérien.
« (…) nous avons déjà décidé que nous mandaterions une commission d’historiens » pour faire le travail sur la mémoire. Il accepte ainsi la proposition faite par le président Abdelmadjid Tebboune à l’historien Benjamin Stora qu’il a reçu lors de la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance nationale, de revenir à « un travail commun » qui inclurait toute la période de la colonisation et non plus seulement la guerre d’Algérie.
« Ouvrons nos archives et permettons de regarder l’ensemble de cette période historique qui est déterminante pour nous, du début de la colonisation à la guerre de libération, sans tabous, avec une volonté de travail libre, historique d’accès complet à nos archives de part et d’autre et une volonté de mener cette œuvre de reconnaissance », a-t-il expliqué.
Pour lui, « c’est un élément extrêmement important, parce que nous voulons bâtir l’avenir. » « Le passé, nous ne l’avons pas choisi, nous en héritons, c’est un bloc. Il faut le regarder, le reconnaître. Mais nous avons une responsabilité, c’est de construire notre avenir. C’est l’un des objectifs essentiels de ce voyage », a encore plaidé le président Emmanuel Macron.
Un projet commun d' »incubateur de start-ups » va aussi être lancé, a dit M. Macron, soulignant les « talents » des deux pays dans le domaine du numérique.
Il a également proposé de « développer des programmes (communs) de création cinématographique et de studios », ainsi que de « formation » dans ces métiers. « Il n’est d’avenir que s’il y a des récits d’avenir », a-t-il noté.
Concernant, la question délicate des visas attribués par la France aux Algériens, le président français a fait état d’un travail commun « pour traiter les sujets les plus sensibles de sécurité ». Emmanuel Macron avait décidé en 2021 de diviser leur nombre par deux face à la réticence d’Alger à réadmettre des ressortissants indésirables en France.
Mais ces discussions ne vont « pas empêcher de déployer une mobilité choisie pour nos artistes, nos sportifs, nos entrepreneurs, nos universitaires nos scientifiques, nos associations, nos responsables politiques, permettant de bâtir davantage de projets communs », a dit M. Macron.
Il a aussi évoqué avec M. Tebboune la question de l’Ukraine et appelé l’Algérie, qui s’est abstenue de condamner son invasion par la Russie et reste un proche allié de Moscou, à faire de la « fin à la guerre en Ukraine une cause commune ».
« Cette crise, l’ensemble des crises qui sont le fruit de cette guerre lancée par la Russie, qu’il s’agisse de crises humanitaire, diplomatique, alimentaire, énergétique, déstabilisent profondément l’ensemble de la planète, et tout particulièrement le continent africain, faisant courir des risques de pénuries et je crois que notre responsabilité est aussi de les traiter ensemble », a-t-il insisté.
© Copyright LaPresse