La célébration, samedi, du 59ème anniversaire de l’évacuation s’est déroulée en Tunisie sur fond d’un grand malaise politique et social, de tension, de colère et de division entre les différentes familles politiques.

Cette fête survient au moment où le pays vit un énième drame de l’immigration clandestine à la suite du naufrage au large de Zarzis, dans le sud du pays, d’une embarcation depuis mi-septembre coûtant la vie à 18 personnes.

Une tragédie en haute mer qui a attisé le mécontentement et ancré dans les esprits le sentiment d’impuissance de l’Etat.

La gestion calamiteuse de ce drame par les pouvoirs publics a été le catalyseur de manifestations nocturnes qui ont lieu successivement à Bizerte, les quartiers périphériques de Tunis et à Zarzis.

Les corps des 18 disparus n’ont pu être repêchés qu’au bout d’un mois presque et les pouvoirs publics se sont cantonnés dans un silence assourdissant.

Dans ce climat délétère de tension et de frustration, de nombreuses manifestations ont été organisées, samedi à Tunis, par deux formations politiques que rien n’unit, le Parti Destourien Libre de Abir Moussi, et le front de salut formé de cinq partis, dont Ennahdha (parti islamiste).

Les deux formations ont, néanmoins, un point de convergence. Les deux considèrent le 25 juillet 2021 comme un « putch » en accusant le président Kais Saied d’avoir mis à mal l’expérience démocratique née des événements du 14 janvier 2011.

En dépit des restrictions imposées par le ministère de l’intérieur pour dissuader les manifestants à rejoindre le centre de la capitale, les manifestations organisées par le PDL et le front de salut ont été imposantes.

Tout en niant vouloir entraver les manifestations du 15 octobre, ces services annoncent avoir empêché au moins 7 bus de se diriger vers le point de rassemblement.

Le Front de salut national a déploré les pressions exercées sur les citoyens qui ont été empêchés d’accéder au point de rassemblement, dénonçant les pratiques policières d’un autre temps diligentées par le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, considéré comme le bras droit du président Saied.

Les manifestants, qui ont convergé vers le centre de la capitale, ont scandé des slogans de soutien aux habitants de Zarzis qui ont perdu des proches, morts en mer lors d’une tentative d’émigration clandestine et appelé à préserver les libertés criant que « l’Etat policier est fini ».

Les manifestants ont répété des slogans hostiles au président, rappelant la situation calamiteuse du pays, les pénuries et les crises qui le minent.

Le leader du Front de Salut national, Ahmed Nejib Chebbi a affirmé qu’ils « étaient tout près de la victoire ».

Estimant que le président de la République est dans l’isolement total, il a appelé l’opposition à intensifier ses mouvements protestataires pour dénoncer le « coup d’Etat ».

Nejib Chebbi a estimé que les prochaines élections « seront un nouvel échec », rappelant que le Front de salut a annoncé déjà son boycott de tout le processus du 25 juillet.

Pour sa part, Le Parti destourien libre a organisé une imposante marche pour dénoncer la politique du pouvoir en place « qui vise à affamer et appauvrir le peuple et les atteintes à ses droits économiques et sociaux ».

Abir Moussi, présidente du PDL a accusé le pouvoir en place d’avoir empêché des manifestants, venus de tout le pays, d’arriver à la capitale pour prendre part à la marche du parti.

Cette manifestation a enregistré de violents heurts entre les manifestants de l’ordre qui ont eu recours au gaz lacrymogène.

De nombreuses personnes ont été recensées nécessitant l’intervention des services de la protection civile pour présenter des soins.

A Bizerte où une cérémonie a été organisée la matinée pour célébrer la fête de l’évacuation, le président Kais Saied n’a pas trouvé mieux que de jeter l’huile sur le feu.

Il a déclaré notamment « qu’il y aura une autre évacuation en Tunisie, celle qui permettra à la Tunisie de se débarrasser de tous ceux qui veulent s’en prendre à son indépendance en étant des agents de pays étranger ».

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