C’est la septième fois que le Parlement se réunit depuis fin septembre sans parvenir à désigner un successeur à Michel Aoun. Ni le camp du Hezbollah ni celui opposé à la puissante formation pro-iranienne n’y dispose d’une claire majorité pour imposer un candidat.
Le député Michel Moawad, fils de l’ancien président René Moawad assassiné en 1989, soutenu par le camp anti-Hezbollah, a obtenu jeudi 42 voix, loin des 86 nécessaires pour être élu au premier tour ou des 65 voix requises lors d’un deuxième tour.
Cinquante députés, notamment du camp pro-Hezbollah, ont voté blanc. D’autres parlementaires ont inscrit sur leur bulletin de vote des slogans ou des noms fantaisistes, dont celui… de l’ancien président chilien Salvador Allende, mort en 1973 lors d’un coup d’Etat militaire.
M. Moawad est considéré comme proche des Etats-Unis. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait déclaré souhaiter un président qui ne soit pas inféodé à Washington, et la formation chiite affirme vouloir parvenir à un candidat de consensus, qu’elle n’a pas encore nommé.
Dans des propos tenus devant la presse, le député chrétien Samy Gemayel, qui a voté pour M. Moawad, a déploré qu’un tel blocage se fasse « aux dépens du pays, des gens, de l’économie et de la Constitution ».
« Nous ne pouvons pas demeurer dans cette logique clanique et confessionnelle de compromis qui a mené le pays à cette situation de paralysie des institutions », a indiqué pour sa part à l’AFP le député Firas Hamdane, issu du mouvement de contestation populaire de 2019.
La date de la prochaine séance du Parlement a été fixée au 1er décembre. L’élection d’un président pourrait encore prendre des mois, comme cela s’était produit lors de l’élection de Michel Aoun en 2016 après une vacance de 29 mois au sommet de l’Etat.
En vertu du système confessionnel de partage du pouvoir en vigueur, la présidence de la République est réservée à un chrétien maronite.
Le Liban connaît depuis 2019 l’une des pires crises économiques au monde, et le pouvoir a été épinglé par le Fonds monétaire international (FMI) pour sa lenteur dans la mise en œuvre de réformes préalables au déblocage des aides financières.
Dans un communiqué mercredi, la Banque Mondiale a averti que le « vide institutionnel sans précédent » allait retarder « l’adoption de réformes cruciales, accentuant les malheurs du peuple libanais ». « La contraction totale du PIB réel du Liban de 37,3 % depuis 2018 – l’une des pires que le monde ait connues – a déjà anéanti 15 ans de croissance économique », a souligné la Banque mondiale.
Depuis le 1er novembre, le pays est dirigé par un gouvernement démissionnaire, chargé uniquement d’expédier les affaires courantes et incapable de prendre des décisions importantes.