Le chef de la puissante centrale syndicale tunisienne UGTT, Noureddine Taboubi, a vivement critiqué samedi les élections législatives prévues le 17 décembre, estimant qu'elles n'avaient aucune raison d'être après la réforme très contestée de la Constitution qui réduit fortement le rôle des partis politiques.
« Nous allons vers des élections qui n’ont ni goût ni couleur, qui résultent d’une Constitution qui n’a été ni participative (dans son élaboration) ni soumise à l’approbation de la majorité », a dénoncé M. Taboubi, lors d’un meeting commémorant l’assassinat (en 1952) du fondateur de l’UGTT, Farhat Hached.
Il a notamment critiqué le mode de scrutin prévu — majoritaire uninominal à deux tours — alors qu’un scrutin de liste était en vigueur avant le coup de force mené par le président Kaïs Saied le 25 juillet 2021 par lequel il s’est accaparé tous les pouvoirs. En conséquence, le rôle des partis politiques s’en trouve fortement réduit au profit de candidats sans affiliation affichée.
La plupart des partis incluant ceux de l’opposition au premier rang desquels le parti d’inspiration islamiste Ennahdha — qui dominait le Parlement dissous par M. Saied — ont appelé à boycotter le scrutin, dénonçant un « coup d’Etat contre la Révolution » ayant renversé le dictateur Ben Ali en 2011.
Le nouveau Parlement sera composé de 161 députés mais ses pouvoirs seront très limités en vertu de la nouvelle Constitution approuvée cet été lors d’un référendum organisé par M. Saied et marqué par une très forte abstention (près de 70%).
Le processus est très critiqué en raison de la faible présence des femmes (15% des candidats) et du manque de candidats dans certaines circonscriptions pour ces élections auxquelles se présentent 1 038 candidats.
Dans son discours, M. Taboubi a par ailleurs appelé le gouvernement à dévoiler les détails du plan de réformes promis au Fonds monétaire international (FMI) en échange d’un accord préliminaire sur un nouveau prêt avoisinant les 2 milliards de dollars.
Le syndicat s’oppose à toute privatisation des entreprises de l’Etat qui assurent les services publics (eau, électricité, transports…) et à une suppression des subventions aux produits alimentaires et énergétiques de base.
Depuis 2011, la Tunisie accumule des difficultés économiques, exacerbées par la pandémie de Covid-19 puis par la guerre en Ukraine qui a creusé son endettement au-delà des 100% du PIB, en raison d’une grande dépendance aux importations de céréales et carburants.
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