MENA: l’adoption universelle des technologies numériques pourrait procurer d’immenses bénéfices à la région (Banque mondiale)

L’adoption universelle des technologies numériques dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) pourrait procurer d’immenses bénéfices socioéconomiques, avec à la clé plusieurs centaines de milliards de dollars chaque année et la création des nombreux emplois qui font aujourd’hui défaut, a indiqué mercredi la Banque mondiale dans un nouveau rapport.

Selon le rapport, la numérisation complète de l’économie pourrait entraîner une augmentation du PIB par habitant d’au moins 46 % sur 30 ans, ce qui représenterait à long terme un gain estimé à au moins 1 600 milliards de dollars pour la région. Dès la première année, estime le rapport, le gain de PIB par habitant s’élèverait à près de 300 milliards de dollars. Les gains de croissance seraient plus marqués dans les pays à faible revenu, où ils atteindraient au moins 71 %, sachant qu’ils découlent de la réduction de la fracture numérique et que celle-ci est moins prononcée dans les pays à revenu élevé.

« Les bénéfices du passage à une économie plus numérique sont exponentiels et les gouvernements devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir pour éliminer les obstacles qui freinent cette transition. Les gains seront d’autant plus importants que la transition est rapide », souligne Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Et d’ajouter que l’adoption universelle des technologies numériques permettrait de doubler le taux d’activité des femmes, avec une hausse d’environ 20 points de pourcentage sur une période de 30 ans (soit une progression du nombre de femmes actives de 40 à 80 millions).

La Banque mondiale affirme que l’emploi dans le secteur manufacturier augmenterait d’au moins 5 % sur 30 ans, avec à la clé 1,5 million d’emplois supplémentaires sur cette période, soit une moyenne de 50 000 nouveau emplois chaque année. Le chômage frictionnel pourrait passer de 10 à 7 % sur une période de six ans (ce qui correspond à une diminution du nombre de chômeurs de 12 à environ 8 millions), et disparaître dans 16 ans. Le chômage frictionnel, ou chômage « naturel », désigne la période d’inactivité temporaire nécessaire pour trouver ou changer d’emploi. Le temps requis pour concilier les offres et les demandeurs d’emploi est considérablement réduit par l’utilisation des technologies comme le courrier électronique, les plateformes de recherche d’emploi ou de réseau professionnel, qui facilitent la recherche d’emploi et le processus de candidature, précise-t-on.

Par ailleurs, le rapport met en évidence un paradoxe propre à la région MENA : alors que le niveau d’adoption des réseaux sociaux par la population est élevé par rapport aux niveaux de PIB par habitant, l’usage d’internet et des outils numériques, tels que les paiements par téléphonie mobile, n’est pas à la hauteur des attentes. Environ 66 % des habitants de la région MENA utilisent internet, contre seulement 61 % en Amérique latine et Caraïbes et 54 % en Asie de l’Est et Pacifique.

Selon la Banque mondiale, cette réticence envers le recours aux technologies numériques pour les transactions financières est probablement imputable au manque de confiance de la société à l’égard de l’administration publique et des sociétés commerciales. Elle s’explique aussi par des réglementations qui compliquent la transformation numérique. Sur ce plan, le rapport préconise notamment d’ouvrir davantage le marché des télécommunications à la concurrence, ce qui pourrait contribuer à accroître l’offre et l’utilisation de l’argent mobile et des paiements numériques et, de surcroît, à améliorer l’inclusion financière en élargissant l’accès aux comptes courants.

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